INDIVIDUALISME ET INVISIBILITÉ SOCIALE

Publié le par Hubert FAES

   L’individualisme peut se comprendre de plusieurs manières. D’un point de vue sociologique, il n’est pas la caractéristique d’un comportement individuel mais une forme sociale, une certaine manière d’être en société. Il n’exclut pas l’altruisme, bien au contraire: il faut sans doute que la société soit au moins jusqu’à un certain point individualiste pour que les individus puissent faire preuve d’altruisme.

   La question sociale, devenue une préoccupation majeure au XIXe siècle, ne concernait pas les individus en tant que tels mais des classes et des catégories sociales. Les individus étaient ou non victimes de l’injustice sociale en tant que membres de telle ou telle classe mais non en tant qu’individus. Depuis quelques temps, l’injustice sociale semble concerner les individus comme tels; elle consiste d’abord dans l’invisibilité qui les frappe. La question sociale n’est plus ce qu’elle était. L’importance donnée aujourd’hui à l’invisibilité manifeste que la société est devenue individualiste. Les victimes d’invisibilité sont marginalisés, désaffiliés. Ils ne constituent pas ensemble un « état social ».

   L’invisibilité recouvre une grande variété de problèmes individuels et de combinaisons de ces problèmes, auxquels la société semble indifférente ou qu’elle semble impuissante à traiter. Ils ne sont plus la raison de conflits entre groupes ou classes au sein de la société mais se comprennent plutôt dans la relation de l’individu à la société comme telle et à l’instance par laquelle elle agit, l’État.

  Souligner le rapport entre cette façon de poser le problème de la justice sociale et la forme individualiste de la société ne revient pas à faire de l’individualisme la cause de l’invisibilité. Mais le problème est de trouver dans la société individualiste, la manière de s’organiser et d’agir pour remédier à l’injustice de l’invisibilité.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article